La maison forte,toute en symbole
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atrimoine méconnu et peu valorisé aujourd'hui, les maisons fortes apparaissent en grand nombre au XIIème siècle en Europe occidentale pour disparaître à la fin du XVIème siècle et laisser place à des résidences moins spartiates et plus raffinées. Située dans les vallées, dans les hameaux, aux frontières ou bien le long des routes principales, elles ont une vocation à la fois défensive et résidentielle. Elle appartient à la petite noblesse de deuxième ou troisième rang.
Château de la Mothe, XIIIème, commune d'Arvier.
Ce sont les chevaliers anoblis par le pouvoir central
au milieu du XIIème s., ou encore les branches collatérales
des grandes familles qui vont édifier les maisons fortes. Celles-ci
prennent dans leur forme la plus simple l'aspect d'un quadrilatère
brut, avec de petites ouvertures. Elles peuvent être parfois adossées à une
tour et déployer, selon l'importance de leur propriétaire,
plus ou moins d'attributs défensifs, décoratifs mais
aussi de confort : archères, bretèches, cadrans solaires, peintures
murales, cheminées et puits privés...
Elles se développent souvent avec une exploitation agricole de manière à assurer une autonomie vivrière au hameau.
La maison forte a un rôle politique plus ou moins important sur un territoire de dimension variable. Chaque année, les chevaliers et autres nobles rendent hommage au prince ou au roi qui leur confie à son tour des droits banaux (possibilité de détenir un four à pain, droit sur l'eau, le bois, la chasse...) et la possibilité de rendre justice (à des degrés divers) dans leur maison forte. Ainsi le détenteur de maison forte joue un rôle sur son territoire : il contribue à l'encadrement de l'espace rural. Bien que dotés d'une certaine autonomie politique, les constructeurs de maisons-fortes n'en restent pas moins contrôlés par le pouvoir central : ils ne peuvent ériger de tours trop hautes, ni façonner des créneaux à leur guise, etc...
Maison forte, dite "Château d'Avise", fin XVe s., commune d'Avise.
On trouve entre 1250 et 1350 un nombre important de maisons fortes mentionnées dans les hommages. Les propriétaires ainsi que leur maison prennent alors le nom du hameau dans lequel elle est située. Au XIVème s., les détenteurs de maisons forte se diversifient et les chevaliers laissent place à la noblesse de cour, aux magistrats, aux officiers qui vont délaisser l'aspect défensif de la construction au profit de l'esthétisme et du confort.
Elles vont au XVIème siècle perdre leur vocation à symboliser le pouvoir et à gérer la vie rurale et deviennent l'habitation de la bourgeoisie pour certaines, d'autres se transforment en ferme et les dernières tombent dans l'oubli, puisqu'il n'en reste plus trace dans le paysage.